Vendredi 3 octobre 2008 à 20:16



Le Salar d'Uyuni, 4000 mètres d'altitude
un dépaysement total

Vendredi 3 octobre 2008 à 0:55


L'analyse c'est vraiment génial, même si le prof est bien trop rapide, c'est difficile pour la prise note.
Demain matin, je vais à Europe acheter un bloc note de papier à musique, les pages se remplissent vite de portées, de clefs de sol, d'Ut et de Fa, de règles harmoniques de la Renaissance, que l'accord du cinquième degrés est toujours majeur... Les affinités commencent à se créer, le corniste à l'accent goût huile d'olives du sud est tout le temps avec le garçon à l'instrument de musique bizarre, l'asiatique (elle s'appelle Kim je crois) qui le jour des inscriptions pédagogiques n'avait pas sa carte étudiante est souvent seule, c'est dommage, elle a l'air gentille, il y a aussi le garçon qui vient de Taïwann, et qui parle français difficilement mais qui parle la musique mieux qu'il ne parle sa langue maternelle. Je croise de temps en temps le garçon qui a partagé son goûté pain d'épices avec moi Lundi en amphi en cours d'histoire de la musique. Moi Lundi je pense ramener de la brioche, je partagerais mon butin avec lui si nous sommes à côté. Il est souvent avec son copain trompettiste, ils se balladent dans les couloirs, et montent les escaliers à pied, ils ne prennent jamais l'ascenseur. Je me suis levée à 6h30 ce matin pour aller m'inscrire à Clignancourt pour le cours d'espagnol. Le rer le matin, finalement, je ne sais pas si je vais tant aimer ça. Une heure et demi de queue plus tard devant le bureau des inscriptions, je peux enfin entrer dans la salle. Non vous ne pouvez pas, votre nom commence par M et ce matin c'est de A à J! Elle voulait que je revienne cette après midi pour refaire une heure et demi de queue et louper mes TD d'harmonie et d'analyse. Non, je ferais de l'italien. La nouvelle tombe, cette année j'apprends l'italien, je ne perdrais pas mon niveau d'espagnol car je parle tout le temps avec Shirley et Violeta, j'espère que je ne perdrais rien, rien du tout. Demain, je vous parle du Stabat Mater de Dvorak, de mes poils de bras qui se dressent quand j'écoute le Stabat MAter, là rien juste dans la chambre, alors j'imagine pas en concert, je vous raconterais que le chef de choeur est un sacré numéro, et que si je progresse en déchiffrage, le semestre prochain je suis au COUPS. Bonne nuit...


Samedi 20 septembre 2008 à 13:35


          Dans le bus, je pleurais, parce que 4, c'était pareil que l'année dernière, avec un an de plus. J'étais toute seule dans le bus, pas un seul veilleur nocturne, sauf moi et le chauffeur. Carole m'attendait à la gare, avec sa guitare dans la pochette noire. J'avais les yeux rouges, elle m'a dit je n'aime pas te voir comme ça, arrête meuf! Nous avons rejoint Magalie et Anaïde 5 arrêts plus loin, mon portable à vibrer 5 fois, C'était Shirley, quand elle me bip 5 fois, c'est qu'elle me dit qu'elle me promet de venir à Paris. 4 fois, c'est qu'elle voudrait que l'on soit ensemble, n'importe où sur terre. Je ne tins plus, je l'ai appelé, hola Cumpi, no puedo hablar mucho tiempo, pero te mando mucho besos, te quiero mucho, nos vemos muy pronto!! Je criai un peu, je ne me rendis pas compte du boucan que j'engendrais. Je me disais, olala j'étais en connexion avec la Bolivie là, sa voix dans mon oreille, son sourire dans le coeur, une grosse lampe de génie venait de s'allumer dans mon coeur.

          Il était déja 22h15 quand nous sommes arrivées à Paris, St Paul, petite rue qui sent le pipi.

          Carole n'habitait pas très loin de là quand elle était petite, elle jouait souvent dans le parc à côté. On a fait le tour par les quais de l'île St Louis, ma tarte aux pommes sous le bras, je n'osais pas l'ouvrir, elle était si jolie, surement très sucrée, je l'avais sentie quand j'avais mis de l'alu autour. Tous les bancs en pierre étaient pris, il y avait un coin avec des pavés tout seul. On a ouvert le marbré, Carole a commencé à jouer. Un monsieur avec des moustaches poivre et sel est venu juste derrière nous, il titubait un peu, comme un arbre dans une tempête. Sa tempête à lui c'était un bouteille de vin blanc. Il voulait manger du gras, du sucré. Son ami le poète à la longue barbe nous a rejoint, il nous a expliqué qu'il était philosophe et que son sa bible du moment était les ouvrages d'Hegel, bien qu'il n'aime pas. C'était un peu déconcertant de les avoir à côté de nous, je voulais être avec juste Magalie, Carole et Anaïde, pas avec en plus, en invités qui s'invitent seuls deux philosophes poètes ratés.

           Nous sommes partis vers un autre quai, celui de l'autre côté de l'île aux pieds de Notre Dame. Cette fois ci, il restait un banc, sous les gros cercles en fer pour amarer les bateaux. En face de nous, il y avait un autre groupe de jeunes en pic nique le Vendredi soir sur les quais. Une des deux filles avait une guitare noire laquée, elle gratouillait sans vraiment jouer. Violeta m'a appelé, j'étais toute folle. Shirley et Violeta dans la même journée, c'était du délire. Elle me dit qu'aujourd'hui en bolivie c'était el dia del amor et qu'elle m'en envoyait beaucoup beaucoup beaucoup. Soudain, j'entendis les accords de la Javanaise, la conversation s'est coupé, je courru rejoindre Carole qui chantait avec la fille qui gratouille. Je me suis rassise sur le banc, de dos aux filles. Elles préparaient la surprise. Je sentis qu'un truc se tramait, juste là, derrière moi, de la chaleur du coeur qui tournait au dessus de ma tête. J'attendis qu'elle me disent ça y est! Trois petites bougies flambaient dans leur main elles chantèrent joyeux anniversaire, et je pus enfin ouvrir mon cadeau qui s'endormait sur le banc en pierre. J'ai ouvert le petit paquet en carton, il renfermait une jolie tunique kaki de chez Etam une d'été que l'on peut mettre tard le soir sans gilet, en sentant l'odeur du chaud de Paris sur les épaules. En face, la fille qui gratouillait commença à jouer Ray Charles, je ne pus resister à l'envie, la pulsion qui me chuchotait vas y chante, c'est ton anniversaire, tout t'est permis, je ne chantai pas très fort au début et puis je regardai Carole, je nous revis sur la scène le 27 Juin dernier; elle et sa basse, Thomas et sa batterie, Nico au chant et moi devant mon piano. Alors je n'ai pas pu m'empêcher de chanter plus fort, de courir un peu partout, d'avoir de l'électricité dans le bout des doigts pour ressentir toutes les petites émotions du concert. La fille chantait avec moi, sa voix était grave et puissante, une de celle que j'admire. Je sentais qu'elle avait du poid, mais pas assez de technique. Puis j'eus envie de chanter quelque chose de long, où je ne connaisse qu'à moitié les paroles mais on s'en fiche. Solaar pleurt était parfait, il tombait à pic. Carole a joué les premiers accords et plusieurs personnes sont venues autour de nous Je peux écouter le concert? nous demanda une jeune femme. Biensûre, la musique se partage. D'autres badauds arrivèrent, firent une ronde autour de nous. La gratouilleuse d'en face et son ami aux cheveux bleus vinrent se joindre à nous, puis un autre garçon en jogging passa, il vînt chanter/raper avec nous.  Celui aux cheveux bleus fit les petits cris bizarres, à la fin, celui en jogging ne voulait pas que Carole s'arrête de jouer, il voulait qu'elle continue sur les accords, il commença à improviser, les rimes coulaient à flot, ses paroles étaient accompagnées par la houle de la Seine, par le rire des touristes à bord des péniches restaurants qui passaient le long des quais. Les mots moches devenaient de jolies phrases, avec des choses amusantes.

Il fallu partir, nous allions louper le dernier RER.

            En traversant le pont, Carole fut interpeller par un garçon avec un manteau noir, grattant une guitare sur un banc, à côté de son ami au manteau de cuir. Il nous demanda de jouer quelque chose. Au début, je ne voulais pas rater le RER car après plus de bus, rentrer à pied, galérer. Et puis, je me suis assise, au pire on prend le noctilien. Nous nous sommes assises devant eux, pour pouvoir les écouter. Ils devaient s'accorder. L'ami à la veste de cuir lui dit donne je vais l'accorder ah non t'es pianiste toi! Depuis quand les pianistes ne savent pas accorder une guitare?
Carole entonna au Clair de La Lune, je suis sur une dune sans tune, et le brun guitariste au manteau noir chatouillait ses cordes avec douceur, il faisait des petits arpèges à côté qui se mariaient parfaitement avec les mots de Carole. Après ça, nous voulions qu'ils nous jouent quelque chose à eux. Ils jouèrent d'abord un morceau mélancolique et triste, un garçon qui demande à la tristesse de partir de son coeur mais que malgré tout sans elle il ne sait plus qui il est. C'était le brun guitariste qui chantait, il souriait de toutes ses dents lorsqu'il chantait, il était beau. Celui à la veste de cuir chantait la deuxième voix. J'étais soufflée, embobinée. Une fois la chanson terminée, le charme ne retomba pas, il n'eut pas le temps. Ils se regardèrent, on fait Caminante? Le brun commença à jouer, l'ami à la veste en cuir à chanter, moi à trembler. Je le regardai, sans pouvoir décrocher mes yeux de sa bouche, de ses yeux verts brillants aussi forts que la lune, mes oreilles savouraient son petit accent espagnole susuré de sa voix suave et nuancée, comme un doux bonbon au caramel, cette douceur fondait sous mes tympans, un vrai régale, je devenais gourmande de sa voix, amoureuse de son regard, boulimique de sa bouche. Le brun chantait la deuxième voix, mon coeur s'écroula. C'était trop, des milliards de lampes de génies s'allumèrent dans mes yeux, je regardai Ana et Mag, oui, elle voyaient bien que j'étais sous le charme, un véritable envoûtement musicale, un charmeur de serpent pour fille. Celui ci n'avait pas de flûte, mais une voix, une voix. J'imaginai ses cordes vocales vibrer comme celle d'un violoncelle, un beau violoncelle brun espagnol. Lorsque la chanson fut terminée, je les ai applaudit, bouche bée, je devais avoir l'air stupide, avec la bouche ouverte, les yeux pleins de je veux me marier avec toi. Il y avait trop de vent sur le pont et la fanfare près de nous avec l'hélicon faisait trop de bruit. Si on descendait plus bas sur les quais, en bas nous prendrions moins le vent non? Nous avons descendu les marches, pour s'asseoir sur le petit rebord. Carole et le brun au manteau noir échangèrent de guitare, il lui montra le rythme de base du Jazz Manouche, car oui, il était professionnel, et son ami à la veste de cuir était pianiste jazzman. Nous n'osions plus rien chanter, le ridicule ne tue pourtant pas. Il joua les accords de flamenco et d'un coup, nos voix partirent, très loin, très haut, comme s'il venait avec ces quelques accords de lever la porte devant le taureau dans les grandes corridas, les grandes férias, nos voix n'attendaient que ça, partir haut et se laisser aller. Le Comandante Che Guevarra résonnait sur le quai, nous étions seul. Le pianiste eût tout d'un coup une voix rauque, une de ces voix qui sort du fond des entrailles des hommes, que les basses à barbes ont à la chorale le Jeudi soir en répèt. Je ne savais plus quoi faire, complètement démunie de tout moyens, je ne savais plus parler, plus chanter, je voulais montrer ce que je savais faire mais impossible, paralisée des cordes vocales, du diaphragme. Une demi heure plus tard, la mère de Carole nous pris à St Paul pour rentrer en voiture. Je ne leur ai même pas demandé leur prénom, son prénom à l'ami à la veste en cuir, le pianiste jazzman aux yeux vers brillants. Tout ce que je fus capable d'obtenir, c'est leur myspace.

               Il était une heure et demi du matin, ils allaient boire un verre dans un bar à St Michel, j'aurais dû leur dire: Je viens avec vous, je veux vous écouter chanter, ce soir c'est mon anniversaire, Joue encore pour moi s'il te plait.





Mardi 16 septembre 2008 à 12:46



Pour la première fois de ma vie, j'ai mis des chaussures à talons hier. Claire a bien voulu me les prêter, les marrons, avec cinq centimètres à peu près. J'avais le sentiment que tout le monde me regardait, m'entendait, ça faisait clac clac sur le carrelage, sur les pavés de Paris comme les femmes d'affaires sur le parvis de la Défense ou les maîtresses à l'école. J'ai descendue le Boulevard Saint Michel en sortant du RER B au Luxembourg. Je cherchais attivement le cinema les Trois luxembourg, car dans le livre que je lis en ce moment, le personnage principal va souvent au cinéma avec Mayliss voir des films de la Nouvelle Vague, sont père était ingénieur lumière, et photographe. Mais rien, juste pleins de gens, qui marchent droit devant eux, la tête plongée dans un bouquin, l'esprit embrumé par une conversation téléphonique, les yeux dans le vague, le coeur en peine. On trouve de tout à Paris. Je retrouve un peu le goût de Paris, cette éffervessence qui me plaisait tant avant que je parte. En sortant du RER, malgré moi, je me sens plutôt bien, comme si je retrouvais quelque chose qui, finalement, m'avait manqué. Je traversai alors, en bas de l'avenue du Panthéon, il faudrait que j'y aille un jour. L'avenue St Michel descend, et avec les talons, je marchais d'un pas sûr de moi mais j'avais peur de dévaler le trottoir après m'être tordue la cheville. Je suis passée devant beaucoup de magasins de vêtements, de chaussures, tous très chères. Et j'ai tourné, là, devant la forteresse. Sur le parvis, pleins de petits cafés, avec pleins de petits étudiants qui boivent un café, de gens qui discutent au soleil timide de la mi Septembre. Je me dis qu'un jour j'en prendrais un café à cette table, avec le portable posé dessus, mes cours d'harmonie et un crayon à la main. J'en rêve, c'est plutôt simple de rêver de prendre un café en face de la Fac en travaillant ses cours. Je continue à avancer, et je vois le café où est assise Mélanie Laurent dans Paris, quand elle reçoit le SMS de Lucchini qui lui dit j'te kiff grave. Moi j'aimerai bien être assise là, oui, boire un chocolat viennois, pas de café je n'aime pas, et recevoir, je t'aime, c'est plutôt simple de vouloir prendre un chocolat en face de la Fac et de vouloir recevoir un texto amoureux. Je marche toujours, beaucoup d'étudiants sont assit sur les rebords de la fontaine, ils fument une cigarette, discutent, rient, profite du soleil. Et là, je suis face à l'une des grandes portes vertes, un garde est posté devant, cela doit être ennuyeux comme travaille pensais-je. Il me demanda si je cherchai quelque chose, si je connaissai. Oui je viens m'inscrire en L1 de Musico, et... Galerie Richelieu en Amphi Guizot mademoiselle. Presque sans bouger les lèvres, en me regardant du coin de l'oeil. Là, mes talons claquent plus que jamais sur le carrelage, je sens qu'ils résonnent partout dans la fac, c'est ma manière à moi de dire que c'est bon, je vais resortir de là avec ma carte étudiante, que je reprends vraiment ma vie que j'ai laissé s'endormir il y a presque trois semaines. 



Jeudi 11 septembre 2008 à 0:12


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