Vendredi 11 janvier 2008 à 17:49


Jeudi 10 janvier 2008 à 16:34







Le monsieur dit qu'il a 98 ans, il marche avec une canne, ne se tient plus très droit, plutôt très courbé.
Son oreille droite est coupée, elle laisse apparaitre une large cicatrice qui descend jusqu'à la naissance de la nuque, sous les cheveux. A cet âge, il a surement vêcu les deux guerres mondiales. Je l'imagine, geler dans les tranchés, à attendre que cette guerre au no man's land s'arrête, pendant que les rats courent entre les fusils posés au sol, comme un signe de paix, fébril. La dame lui dit oh mais c'est un talent d'avoir 98 ans! Il est surement arrière grand père, et a aussi peut être pleins de petits enfants qui courent entre les jambes comme le vieille éléphant et les élephanteaux dans Babar contre Rataxès. Il a une tête amusante et bien que ces yeux ne soient pas beaucoup ouverts (il doit être comme Papi à se lever à 5h du matin pour jardiner dans la nuit), j'aperçois de la malice dans son regard, ce vieil homme semble s'emerveiller de tout. Un bébé est dans une poussette auprès de sa maman de l'autre côté de l'allée du bus. l'enfant rie, sourie à qui veut le regarder. Le grand père le regarde et sourie largement. Il n'a presque plus de dents.



Mercredi 9 janvier 2008 à 1:21

          






       Un grand lustre illuminait la salle, quelques pensées peureuses me traversaient l'esprit. Et si le théâtre prend feu? c'est déja arrivé pleins de fois dans l'histoire des théâtres. Ou bien si des gens récidivistes (contre quoi je ne sais point mais ils ont toujours une bonne raison pour lever le poing) veulent nous assassinés? C'était arrivé en Russie je crois. Et si le lustre tombe sur la tête des gens? c'est mortel comme coup ça, tiens. J'ai aussi demandé à l'ouvreuse si je pouvais prendre le lustre en photo. Non. Même sans flash? Non. Vous avez juste le droit de serrer les genoux pour rentrer dans les fauteuils en bois. Je me demande comment elles faisaient les grandes madames de l'époque de Molière, avec leurs robes immenses et froufroutantes pour rentrer dans de si petits sièges. Nous étions au dernier balcon tout en haut, en face de la scène. Ah non désolé mesdemoiselles, les numéro paires vous devez descendre, puis passer de l'autre côté pour remonter et on vous placera. On descend, passe de l'autre côté, on remonte et on nous place. Pendant la pièce, des gens rient assez étrangement, et surtout fort. Marie et Natacha à côté de moi se disent que quand même sous la veste en cuir de Petruchio yen a de la tablette de chocolat, un moment il est même tout nu, et on entend l'autre Marie qui dit Oh mais il a un string! Je n'ai pu prendre aucune photo en 3h15 de spectacle. Pas le droit. De longs rideaux rouges calfeutraient les murs, les fenêtres, et parfois même, des cordes dorés venaient se languir aux côtés des rideaux sur les fenêtres opaques. On traverse les couloirs, remonte, descend, l'entracte ne dure que 15 min, la Mégère apprivoisée n'attend pas.




Lundi 7 janvier 2008 à 17:59






J'ai mal aux mains, comme si des millions petits bonhommes se donnaient la main, et que ça tire tellement qu'ils se tirent les mains et que ça se déchire. J'ai quelque chose de lourd et jolie qui brille à mon quatrième doigt de ma main droite, j'aime bien, dans la nuti ça m'éclaire, comme si c'était lui qui me montrait le chemin. J'aime écouter Estrella Morente chanter ne me quitte pas de Brel, ça voix fait des vagues, ses r roulent à l'español, ses n sont une petite caresse sur les deux jours,  ses L sont de l'eau qui coule comme sous un petit pont de bois. Elle prononce les u comme des ou. J'aime.

Dimanche 6 janvier 2008 à 20:42







      Je retrouve ce sentiment d'abandon, je suis laissée pour compte derrière la porte du TER qui m'arrache du quai et m'emmène à Paris. Il pleut, le ciel est gris, comme ces trois derniers jours. Je hais les au revoir! sous la pluie dégoulinante des gros blocs gris en béton avec l'air aussi triste que les nuages maussades qui bouchent le ciel. Le train va s'arrêter à la Ferté Bernard, une minute d'arrêt. toutes ces petites villes font désormais parties de mon histoire, de ma vie, mais , je leur appartiens moi aussi, partiellement. Le temps d'un arrêt d'une minute, d'un voyage, le temps de l'impatience de l'aller, le temps du chagrin du retour... Ces petites villes de campagne me volent un fragment de mon existence. Une minute volé, comme un baiser volé. Mon histoire d'amour, ce n'est pas seulement Eric, nos coeurs et nos mots. C'est aussi l'attente que l'on croit insurmontable, les étreintes nostalgiques sur le quai de la gare à quelques minutes du départ, et ces gares intermédiaires, qui ont aussi existé un week end de fin 2002, toute fin 2002, avec toujours ce goût d'amertume sans la langue mais pour une raison autrement plus grave. Mon histoire d'amour, c'est aussi mon visage et mes yeux maquillés avec l'unique trace de ses baisers, sa bouche, c'est mon rouge à lèvres.




<< Page précédente | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | Page suivante >>

Créer un podcast