Jeudi 15 novembre 2007 à 18:06


Je n'ai même pas froid, la fraîcheur de l'air ne m'atteint pas vraiment. La nature meurt, elle tombe, s'enfonce dans le sol. On lui marche dessus, la tuer plus rapidement. La nature est belle, Mère. Mère nature, elle nous donne, nous offre. Ne croque pas dans la pomme, c'est un mensonge, le fruit est pourri. Il rend l'homme pédant et curieux. Sois prudent. Par terre, sur le sol, les feuilles se craquellent, nous les écrasons. La valse du vent commence. Les passants referment bien leur caban, quelques grandes mères sortent leur parapluie, car quelques gouttes tombent des arbres. Je me niche sous un porche et je regarde le spectacle. Les arbres frémissent, les passants marchent un peu plus vite et s'engouffrent dans le métro. La chaleur sous terraine les envahit. Une odeur étrange règne dans ces couloirs interminables. Elles rebutent certains touristes, qui confondent pollution et mauvaises aérations. Certains ne retiennent que ça et la Tour Eiffel. Mais Paris ne s'arrête pas à cette limite grossière, Paris va plus loin, pousse les barrières de l'interdit et s'autorise des fantaisies jusque là inexplorées. Paris est avide de nouveauté, Paris a soif, Paris est beau, et veut le rester. La nature, les parcs, le Luxembourg. Il ferme tôt en hiver. L'été, on s'y ballade, dans les petites allées poussiéreuses, on s'asseoit sur les bancs chauds, il y a même du sable parfois dessus, on l'enlève avec la main, qui balaye ça, ça gratte un peu la paume.

Les cafés sont remplis de gens qui, assis aux terrasses, sont les spectateurs d'un bal. Certains écrivent, ils s'inspirent de la foule. Ils s'enivrent de cette bourrasque, de ce flux continue qui monte, descend, suit, devant, derrière. Les âmes se croisent, de vrais courants d'air, elles s'emmêlent parfois, au point de faire de gros sacs de noeuds. D'autres, assis dans le froid, trouvent le courage de sortir leur main et de dessiner, de faire des croquis. Cette femme, là, assise tout au fond, dans le coin, qui sirote un diabolo. Ou bien ces deux jeunes filles qui discutent, l'une photographie la goutte de café qui a coulé de la tasse, l'autre lui raconte ses petites histoires de garçons, qui se cachent toujours, qui le suivent puis la fuient. L'homme à côté de la rambarde écrit dans un petit cahier rouge, qui semble usé, décoloré par un nombre d'année inconnu. Son écriture est petite, sérrée, comme s'il ne voulait pas relire après, ne plus se rappeler, oublier. Mais monsieur, c'est beau le passé, surtout quand on l'écrit ! Il est courbé, comme effrayé par quelque chose. Il porte une casquette de marin bleu marine, avec une vareuse rouge, comme son cahier, vieilli par le temps, peut être aussi par le sel de la mer. Il a de grosses mains ridées, avec des tâches de vieillesses. Sa barbe est blanche, on le croirait tout droit sorti d'un livre de Tintin, le capitaine Hadock en plus vieux.



 

Jeudi 8 novembre 2007 à 21:58



        

          

      




           Je pleurai presque, mon coeur hurlait de douleur, je me detestai pour ce que j'étais en train de faire. Sa main essayait de me dire de me calmer, qu'il ne me voulait aucun mal. Il chuchotait tu ne souffres pas c'est du plaisir et du bonheur! Un sourire ornait ses lèvres, j'apercevai ses dents qui se chevauchaient, je sentai son haleine chaude et répugnante. Ses murmures ne faisaient qu'amplifier ma colère, et mon envie de fuir. Nous étions sur un matelat posé à même le sol, dans un studio peint en blanc, et sur l'un des murs était déssiné une forêt, des oiseaux, un ruisseau, des gros cailloux pointus om des femmes rondes, nues, étaient assises, nonchalantes, prêtes à basculer. Au plafond, un grand miroir était accroché, il prenait toute laplace, et notre bataille s'y reflétait. Nous étions là haut et en bas, il était dehors et dedans. Ne pleurs pas! Tu ne peux être qu'heureuse avec moi! J'avalai toute la salive amère et les larmes qui trainaient au fond de ma gorge, et je crachais le plus gros molard de ma vie Prends ça avalve! Tu sais si bien le dire alors fais le! A cet instant, je lus qu'il venait de vivre une belle humiliation, et je vis dans ses yeux de la colère. Il descendit du lit en criant espèce de sal*pe! Tu vas crever!Il était rouge, ses yeux étaient injectés de sang, il leva la main très haut, comme s'il prenait son élan, pour mieux me heurter. Je tremblai, la gifle claqua dans le silence de sa haine, il y avait une force surhumaine dans ce geste, ma joue brûlait, surement aussi rouge que du piment. J'étais terrifiée, je me levai, nue, je courrus jusqu'à la porte. Elle était fermée, je ne pouvais pas l'ouvrir, il l'avait fermé de l'interieur. Piège, prise au piège dans une toile d'araignée, engluée, comme une mouche. J'allais me battre.





Jeudi 30 août 2007 à 14:01

Quoi de plus triste que la routine, qui s'installe, jour après jours, lorsque l'on est un homme seul, que l'on a 40 ans, et que l'on a un boulot que l'on aime qu'à moitié? Rien. Sauf peut être, la mort de son chat,  ce matin écrasé, par une de ces grosses voitures américaines que Guillaume détestait. Ces gros 4x4 qui polluaient notre bonne vieille terre. Son chat, il l'aimait plus que tout. A vrai dire, il n'avait plus que ça. Son chat. Ses parents étaient morts dans un accident de voiture auquel il avait miraculeusement échappé. Plus de grands parents, fils unique. Il ne connu que l'orphelinat, et à ses dix huit ans, il sorti de là bien décidé à avoir une belle vie, une belle femme, une belle maison. Mais quoi de plus puéril que quelqu'un qui s'acharne à trouver le bonheur, alors que celui-ci arrivera lorsqu'il ne s'y attendra pas ? Il entra dans sa voiture, la mine plus attristée que les autres jours. Il parti travailler. Il recula pour sortir de son garage. Il avait la fâcheuse habitude de rentrer sans faire de manÅ“uvre. Alors, le matin, il fallait manier le volant dans tout les sens pour sortir sa vieille Peugeot du garage. Il recula, encore, à gauche… Et non ! Trop. Il heurta le par-choc d'un bolide qu'il n'avait manifestement pas vu. Une femme sortie de sa voiture, plus rouge que du piment, et l'incendia.
-Mais je vais être en retard ! Et pour bien commencer la journée, un abruti me rentre dedans. Non mais, Dear god, t'es pas de mon côté aujourd'hui !

Comme si houspiller Dieu allait changer quelque chose. Mais cette femme de caractère lui plaisait. Et son accent anglais la rendait irrésistible.
-Veuillez… Je suis sincèrement navré.
-Des excuses ! Et les hommes se sentent puissant avec des excuses ! Faut faire un constat, tout ça, moi, je n'ai pas le temps, prenez mon numéro, appelez moi ce soir sans faute I'm too busy !

Elle lui donna sa carte de visite, s'engouffra dans sa voiture et démarra en trombe.
-Quel ouragan !
Quelque chose venait d'embellir le quotidien de Guillaume, un peu trop monotone à son goût.

 Il arriva à l'agence. Il devait encore voir quelle fille serait la mieux pour tel ou tel photo de ce nouveau créateur… Il s'en fichait, il désirait autre chose. Avant, il aurait tout donné pour la mode. Mais voir défiler des femmes sublimes dans son bureau, et rester seul… Cette idée l'insupportait. Depuis quelques mois, il voulait quitter son poste. Démissionner. Il avait accumulé assez d'argent pour se payer une bonne retraite avancée à 40 ans. Il songeait déjà à ces îles somptueuses à découvrir, parcourir le monde, les théâtres, les ventes aux enchères, les musées, sans course contre la montre. La solitude le rongeait, comme un petit chat qui fait ses griffes sur un bout de carton, à la fin il ne reste plus rien, tout est trop abîmé, il ne reste qu'un maigre squelette, le cÅ“ur de ce pauvre carton, déchiqueté par un minuscule fauve. Il avait peur que cette solitude indésirable lui broie le cÅ“ur et qu'il finisse acariâtre. Pire qu'une belle mère ! Et encore, comment pouvait-il dire ça, il n'avait jamais eu de belle mère. Peut-être est-ce bien une belle mère, après tout. Elle peut nous faire des gâteaux pour le Dimanche midi lorsqu'elle aurait pu venir avec mon beau père. Ses rêves sont si loin. Il sort de son bureau, dépité.

Rêver, cela prend du temps. Il était déjà midi passé. Guillaume avait faim. Comme d'habitude, il campait à la taverne de Jean pour le déjeuner, avec son collègue Guy. Guy, la réussite. Une femme, une si belle femme… Deux enfants, une fille, un garçon. Une maison, un jardin, un chat. Guy n'était pas heureux car il possédait un toit, un jardin et un travail assez consistant pour subvenir à tous ses besoins, non,  Guy était heureux car il aimait son travail, il aimait sa femme, il aimait ses enfants, et ils le lui rendaient bien. Pour lui, l'argent ne faisait pas le bonheur, il y contribuait seulement. L'argent, c'était la reine des fourmis qui lui permettait de bien faire tourner sa fourmilière. Cet homme était doué. Guy, n'est ce pas un prénom d'homme doué ? La mode ne lui était pas destinée. Il était plutôt fait pour la musique, et toutes ces choses ‘futiles'. Il avait arrêté tout ça, car il disait que ça l'incommodait. Et puis sa femme, malgré ses belles joues roses, détestait la musique. Guy par amour, s'arrêta. Guillaume l'enviait. Lui, il n'était doué pour rien. Même pas pour chanter Joyeux anniversaire à son chat. Ni à personne. Il n'aimait pas l'air de Joyeux anniversaire. Il n'était pas doué pour recoudre le bouton de son manteau, il avait dû le faire recoudre chez la couturière de l'agence. Comme d'habitude, il mangeait une salade composée. Avec deux Å“ufs durs. Du maïs, de la tomate, de la mozzarella, de la salade, et des olives noirs sans noyaux. Il s'était cassé une dent à cause d'une olive verte avec un noyau, et depuis ce jour, il décida de ne manger que des olives noires dénoyautées.
-Tu m'écoutes ?
-Je ne sais pas, excuse moi, je… je suis navré, tu disais ?
-Je savais bien que je ne devrais pas te demander conseil là-dessus ! J'ai 40 ans et c'est comme si ma femme en avait 60 alors qu'elle en a 5 de moins que moi... Toute sa libido est tombée !
Non, Guillaume n'était pas la personne appropriée. Il faisait l'amour une fois par an avec une femme rencontrée dans un bar, alors, c'était vraiment la mauvaise personne à qui demander conseil. 

-Essaye… Je ne sais pas surprend là, mets de roses sur le lit, et dis lui que tu l'aimes, et puis tu mets du Chopin en fond, ou du Barry Wh…
-Tu es trop romantique, et elle déteste la musique! Tu es sûre que tu es un homme ?!
Guy n'était pas parfait. Il résonnait comme une bête affamée.
-Oui, merci, j'ai encore des couilles, mais moi je me demande si les tiennes ne se seraient pas déplacées dans ton cerveau ! Tu ne me parles que de ça, tu ne veux pas changer de registre ?!
Guillaume avait du répondant. C'est pour cela que dans son équipe du boulot, on l'aimait bien. Il avait la poigne et savait diriger des employés.

Il finit sa salade et alla se brosser les dents d..s les toilettes du petit restaurant. Il aimait que sa bouche soit parfaite, et qu'il n'y ait rien de dérangeant pour une future femme hypothétique. Ses dents étaient extrêmement blanches. Il aurait pu tourner pour une de ces pubs pour du dentifrice, vu le sourire extra brite qu'il entretenait en vain, puisqu'il n'était toujours pas marié. Il paya Jean et retourna dans son bureau.

-Quel beau mannequin vais-je embaucher aujourd'hui… ? Quelle belle fille je vais faire pleurer alors que je ne lui annonce même pas que son ‘boyfriend' la quitte ?
Il avait prit l'habitude de dire quelques mots en anglais, à cause de toutes ces américaines refaites qu'il détestait.
Il remarqua cette brune, au regard rubis, aux longs cils.
-Faites la entrer.
La jeune fille pénétra dans la pièce sans faire de bruit. Un petit chat qui s'installe sur un lit. Elle regardait partout autour d'elle, comme ébahi.
-Hello. I'm Guillaume. And you are?
-Heum. Estrella, my name is Estrella. But I speak french, a little...
-Ah, ok! Let's go. Je peux faire l'entretien en français ? Nous sommes en France, et je voudrais tester votre capacité
d'adaptation au pays et surtout à notre langue. Vous débutez dans le mannequinat ?
-Please, could you speak… More slowly ?
-Ok.
Il n'était pas très bon en anglais, malgré toutes ces coopérations avec ses compatriotes d'outres mers.
-How many years did you begin to be a model?
-Sorry...

-Louise! Venez ici, c'est infernal, elle ne comprend pas un traître mot de ce que je lui dis. La traductrice, maintenant !
Il était exigeant avec son entourage.
Elle avait de bonnes remarques, elle était dans une bonne agence, et il la voyait bien en couverture de Vogue ce mois prochain. C'était une espagnole. Il aimait les filles du Sud et leur teint foncé. En plus, son nom signifiait ‘étoile'. Peut être SA future étoile.

 Il l'emmena dîner dans un grand restaurant du XVIème arrondissement dans lequel il avait ses habitudes. Il aimait l'entendre parler français avec son accent ibérique qui le faisait frissonner. Elle lui expliqua qu'elle travaillait comme mannequin pas par passion, mais par obligation. Un jour, on l'avait repéré dans un village des Asturies, sa beauté était la seule chance d'aider sa famille. Elle aimait beaucoup les chats, comme lui, et elle ne pratiquait pas son métier par plaisir, comme lui.

Après le dîner, il se coucha. Il était heureux d'avoir rencontrer quelqu'un comme lui. Elle était jeune, belle, et avait tout le talent possible pour y arriver. Elle y arriverait et portait bien son nom. Elle avait rencontrer un homme qui n'aimait pas ce qu'il faisait, sauf lorsqu'il croisait des âmes aussi perdues que la sienne, qui exerçaient un métier par nécessité, pas par passion.

Il eu la plus belle journée depuis sa sortie de l'orphelinat, il savait que cette fille serait son étoile.

Mardi 21 août 2007 à 0:17



 -Tu croyais t'en sortir?
j'hurlais derrière la porte de bois. j'appuyais de toutes mes forces sur la poignée, pour qu'il ne sorte pas. j'avais peur, et une grosse goutte de sueur dégoulina le long de mon cou. elle venait tout droit de mon front, elle avait dévalé mon cou en laissant la trace d'un minuscule ruisseau sur ma peau. et maintenant, elle s'accrochait à mon dos. je la sentais, fébrile, se cramponer à ma clavicule. Ce n'était pas une de ces grosses gouttes de sueurs que l'on appréciait, qui était synonyme de bien être, d'efforts, et de récompense, mais belle et bien celle de la peur. Mon estomac jouait à la corde à sauter avec son intestin, un vrai remue-ménage.
 -Bouge de là, ou je donne un coup d'épaule et j'te cogne, t'en sortiras pas vivante espèce de grognasse!
Il hurlait tellement fort, mon coeur tremblait, ses cris n'était pas humains,
 -Mais ferme là, tu vas réveiller tout l'immeuble!
Il crachait ses poumons, comme si son but était justement que tout l'immeuble nous entende, que le gardien en ait cette fois ci assez, et qu'on ne se fasse virer de notre appartement pour tapage nocturne.
D'un geste vif, j'ai prit le balais, et bloqué la porte.
Je m'agenouye, et sanglote. Cette fois ci, les larmes sont brulantes, chaudes de desespoir, de regrets. Je toussote
 -Pourquoi tu pleures toi, t'as honte?
 -Tu ne comprends rien. Jamais rien.
Il y eu un long silence. Plus un éclat de verre.Un bruit sourd qui explosa à travers la salle de bain.
 -Mais qu'est ce que tu as fais?
-Je laisse exploser ma colère. Tu ne perds rien pour attendre.



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