L'avion est descendu peu à peu, je voyais le sol de Paris, aucune montagne Ã
l'horizon aucune cholita ou de maison en terre, ni d'Alan, de Viole ou de Shirley
qui nous attendent en bas, près du tapis roulant à bagages. Rien, juste l'aéroport,
Paris, Paris. Et nous, qui descendons trop près de la piste d'atterrissage, si loin
du soleil, de l'espagnol, de cette langue chantante, et de mon coeur qui est resté
accroché à la main du Cristo, à 2900mètres d'altitude... Je me sens un peu
étrangère ici, comme ne plus appartenir à un endroit que j'ai toujours connu,
de ne plus y être intégré. Quel sentiment étrange de se sentir étrangère à son propre
pays et d'avoir l'impression d'appartenir désormais à un autre, à des milliers de
kilomètres d'ici... Je me suis habituée à un environnement différent de
celui dans lequel je reviens, tout ça me bouleverse, tant de différence sur une
même terre. Mon coeur chavire pour l'autre bout du monde, je titube et veux
retourner là où mon coeur s'est barricadé, dans celui d'un autre...