N'as tu donc pas froid? Je pense souvent à toi,
surtout en ce moment, Noël approche, pour toi aussi le matin
tout doit être étrange, la neige ou le givre forment une belle
courone blanche sur ton crâne de marbre. Parfois je
viens te voir, en sachant bien que depuis quelques années
le dialogue est rompu. Nous restons là , chacun face à l'autre,
sans ne rien pouvoir se dire. Je te raconte silencieusement
comment la rosée givre sur les voitures, je te fredonne
amèrement la sonate de Beethoven que je travaille en ce
moment, je te mime Nathalie qui se moque des grosses basses
incapables de terminer sur le même ré que celui du départ. Je te
décris ce que tu ne peux plus voir. J'espère que la dernière
fois que tu t'es endormi tu étais paisible , l'esprit libre et pas
encombré par de vilaines pensées, pour que tu puisses dormir
sur tes deux oreilles, parce que c'est dur de mal dormir pour
l'éternité, si tu attrapes un torticoli, je doute que tu t'en remettes
tout de suite, car même si ton lit est moletoné et que nous t'avons
habillé avec un pull très chaud, j'ai peur que tu ne prennes froid.
Qui a compris ce texte?