Il est très tard je tombe de fatigue je suis dans mon lit douillet je l'aime mon lit
aujourd'hui dans le train il y avait un journal qui s'endormait sur une banquette
j'avais envie d'écrire mais pas de papier alors j'ai ouvert le journal je l'ai lu
et j'ai écrit partout dessus, pas le moindre recoin de vide n'est resté blanc, il y a des coups
de bic à droite à gauche en haut en bas dans la marge partout le journal vit encore plus
car il est rempli de ma vie à moi aussi maintenant. lorsque je l'ai trouvé je voulais écrire dessus puis le
laisser sur une autre banquette afin que quelqu'un le lise, peut être le beau mec qui lit
du Oscar Wilde mais finalement, au fil du stylo je racontais trop de chose de moi
trop d'instants privés, trop de bribes de passages de moments de bonheurs rapides.
alors je l'ai gardé avec moi, je l'ai plongé au fond de mon sac à dos, comme un trésor à garder
précieusement, évidemment, ça ne peut appartenir à personne d'autre, j'ai peur qu'on le lise.
je vais le cacher, je pense, quelque part dans ma chambre où personne n'aurait l'idée
saugrenue d'aller fouiller, pointer son nez et jouer les détectives dans ma chambre- explosion.
le trajet dura trois heures avant que je n'arrive à Paris. j'ai noté toutes les gares sur une
fiche bristol, et l'heure d'arrivée en gare. il fallait bien que je m'occupe, le monsieur derrière
moi ronflait, ça m'embêtait, je n'aime pas les ronfleurs. le chat de Carole ronflait, lorsqu'il dormait
dans la chambre je n'arrivais pas à dormir, je me tournais dans tous les sens jusqu'au moment
où mes yeux se fermaient, boum, et plus rien, le sommeil.