Trop de vent. Sur le quai, avec de la lumière. Je tiens mon bonnet noir, j'ai peur qu'il
s'envole, sur les rails, et que je ne puisse pas aller le chercher. J'aimerai avoir ma musique
dans les oreilles car elle me manque, cette mélodie qui m'apaise après la longue journée
qui rend mes jambes si lourdes. Elles sont enkilosées, je les traine de l'arrêt de bus
jusqu'Ã l'immeuble, avec pour seule musique le roulis des graviers sous mes semelles.
J'ai besoin de quelque chose, le truc qui grattte le coeur est là , vous savez, je vous l'avais
déja dit. Mais là , ça gratte, comme du poil à gratter qu'on se mettait dans le dos du
voisin de devant en primaire, j'en ramassais dans le cours et hop en revenant en classe,
je mettais les petits grains dans l'encolure de Stanislas (c'était un peu mon souffre douleur)
Après il se déhanchait dans tous les sens sur la chaise en bois, et moi je riais entre mes
mains sur ma bouche pour ne pas faire de bruit. Je rigolais en frétillant, par petit
soubressaut, avec les épaulesqui sautent. Et aujourd'hui, tout mon coeur est
plein de poil à gratter. C'est nul.