cela faisait longtemps qu'un vent de cette force ne m'avait pas poussé dans le dos comme ça.
quelque chose comme trois mois. J'ai courru pour rejoindre le bus, il ventait toujours autant.
En sortant de l'autobus, ce vent m'a rappellé quelque chose.Â
Un truc qui décoiffe comme un fou, à te retourner à la à 360°
Il n'y avait personne autour, juste de la terre, de la terre, et encore de la terre
à l'horizon, des pointes, des montagnes pointues, des montagnes bossues.
Derrière, le 4x4 avec notre maison dans le sac à dos sous la bâche sur le toit.
C'était la pause, après deux heures à rouler au milieu de nul part
Où allions nous? La Laguna Colorada nous attendait, ce vent me donnait envie de courir vers le Lac sans m'arrêter
le sable s'envolait tant le vent soufflait fort.
Je courrai en hurlant wahou wahou on y est !!!
C'est étrange ces envies qui nous prennent, si fortes, qu'on devient capable de faire l'insurmontable.
C'était si impensable ce projet, ce pays, ces paysages.
Courir et hurler ne relevait pas de l'insurmontable,
cela exprimait juste un bonheur inatteingnable, une plénitude intouchable.
Un cri de victoire, un truc comme on a réussit, mais en milles fois plus retantissant et explicite.
Ce soir en sortant du bus, il y avait tant de vent que j'avais envie de refaire comme il y a trois mois au milieu de nul part
en criant wahou wahou on est y est !!!, tout en fermant les yeux, pour me retrouver là bas
J'ai commencé à trotinner, ouvrir la bouche pour crier, mais aucun son n'est sorti.
Je me suis arrêtée, au milieu de l'aller qui longe le gymnase.
J'ai continué à fermer les yeux, en sentant le vent me transpercer le corps.
En rouvrant les yeux, j'ai bien cru tomber à la renverse.
Il y a quelques jours c'était une odeur de parfum qui me boulversait, aujourd'hui ce fut le vent.
Ce manque de chaleur me brise et je me sens chaque jour un peu plus loin.
Demain, qu'est ce qui me fera tomber à la renverse?